vendredi - 19 avril 2024
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Karayib an tout sòs (la)

Je viens à vous, car j’ai remarqué que depuis quelques temps, les antillais se sont rendus compte qu’ils étaient caribéens. C’est une manifestation flamboyante, des politiques, de la société civile, qui fait résonner l’éternelle question, en définitif, de notre identité, et de notre Euro-caribéenneté. Si ce réel intérêt pour l’espace caraïbe est appréciable et avait été trop longuement éloigné de nous. Il me semble néanmoins que nous restons hermétiques à la réalité mondiale et caribéenne, ceci due, à notre double appartenance. En effet, Quel serait notre rôle géopolitique dans la région et comment définir nos relations avec nos voisins, avec qui nous avons seulement récemment commencé à discuter.

A ce sujet, nous commençons semble t-il à zéro. Il n’existe pas à ce jour une pensée, une doctrine politique ou un schéma, c’est le début de l’aventure. En même temps, nos institutions actuelles, ne nous permettent de faire que de la coopération décentralisée. L’Article 73 de la constitution, laissant l’espace à la société civile, à la culture, et au sport.

Il existe des auteurs comme le professeur et ancien député européen Jean Crusol qui ont beaucoup écrit sur ces thématiques. Mais à proprement parler il n’existe pas un courant de pensées homogènes, établissant nos rapports avec la Caraïbe. Devrons-nous faire parti du Caricom ou non ? Quel devrait être notre statut au sein de l’AEC, Quels seraient nos politiques en matière de visa ? Une possible reconnaissance de diplômes ? Si aujourd’hui les APE nous poussent dans la logique de la libéralisation des échanges commerciaux. Nous restons, néanmoins, au balbutiement d’une coopération caraïbe incluant la Guadeloupe et la Martinique.

Aujourd’hui au 21 siècle, la lecture géopolitique Est/Ouest n’étant plus, et les velléités pour un Nouvel ordre économique mondial non plus, à part la menace islamique ; Il semble que “le Consensus de Washington” l’ait emporté. Ainsi, dans le nouveau clivage actuel Nord/ Sud, l’économie mondialisée remet en cause le principe du traitement préférentiel accordé aux économies insulaires dans le cadre de leurs accords commerciaux avec des tiers. En effet, L’accord de Marrakech du 15 avril 1994 qui établit l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), opérationnel à compter de janvier 2005, vise en priorité à établir un régime commercial multilatéral couvrant aussi bien les marchandises que les services et les propriétés intellectuelles. Cet accord remet donc en question le principe des schémas préférentiels, institutionnalisés, jadis de commercialisation accordés à de nombreux pays de la Caraïbes et notamment aux Département Français d’Amérique avec le principe de la “Préférence Communautaire”.

Dans ce contexte, la construction de nouvelles formes de coopérations, adaptées et compatibles au nouveau cadre géopolitique, permettant des échanges plus équilibrés, est de longue date l’objectif ambitieux que se sont fixés les pays de la Caraïbe, tant à travers de leurs processus d’intégration régionale (CARICOM, CSME, OECS, AEC) que par l’établissement de nouvelles modalités de coopération avec les pays industrialisés (Accords de Partenariats Economiques (APE), NAFTA-CBI Parity, FTAA, DR-CAFTA).

Les Conventions de Lomé ont été le meilleur exemple de coopération Nord/Sud entre deux “institutions d’intégration régionale” dans les années 70. Tandis que d’autres conventions politiques et économiques bilatérales ou multilatérales furent établies au gré des affinités particulières, ces trois dernières décennies. Il est opportun de signaler, à ce stade, la préférence des puissances de ce monde à privilégier la solution du plus grand nombre et donc, celle des accords entre zones d’intégrations régionales.

En effet, les politiques d’intégration régionale sont le résultat d’un consensus sur l’idée que l’établissement de partenariats (horizontaux) solidaires constitue l’une des réponses possibles. Quand l’atomisation et l’étroitesse des marchés insulaires et la faiblesse des ressources des institutions locales ne permettent pas d’envisager de manière isolée la résolution de problèmes économiques, sociaux, et culturels d’une acuité croissante ; ou encore ceux relatifs aux épidémies et catastrophes naturelles dites « globales » du type : SARS, tsunamis, inondation, séismes, cyclones etc.…

De plus, la Caraïbe est peuplée d’îles dispersées et isolées, de pays de monocultures concurrentes pauvres et de petites tailles partageant le malaise social du chômage. En conséquence, le développement des entreprises locales et de l’emploi passe inévitablement par l’extension de leurs marchés. Ce qu’avait déjà vu A. Lewis, St Lucien et prix Nobel en économie, qui dans son article sur l’industrialisation des Antilles Anglaises notait “la condition essentielle à toute tentative énergétique d’industrialisation est la réalisation d’une union douanière”. Dès cette époque, on avait pris conscience des difficultés que représente l’étroitesse des marchés des pays Caraïbes. Cela est d’autant plus d’actualité, aujourd’hui, car nous assistons à l’émergence de “nouvelles puissances” fortement peuplées tel que : la Chine et l’Inde.

Ainsi, pour résumer, il me semble que ce foisonnement de la communauté antillaise sur les Caraïbes devrait s’accompagner d’une vision politique sur notre identité en tant que Euro- Caribéen. Cette dernière devrait définir nos relations économiques mais aussi être l’image, la symbolique, de ce que nous souhaitons donner de nous-même à la communauté anglophone et hispanophone de l’espace. En définissant ce que nous sommes pour eux, nous définirons plus facilement ce nous sommes pour nous et pour la France. Malcolm X disait nous deviendrons respectable, pour les autres, quand nous commencerons par nous respecter ! Mais pour ceci, il nous faut accélérer la décentralisation des pouvoirs en matière de coopération et d’Affaires Etrangères et la tache est loin d’être acquise, quant on connaît l’attachement de l’Etat français à ses prérogatives. En dernier lieu, cette volonté manifeste ne peut être que le fruit d’un mouvement commun donnant jour a un courant homogène de pensées définissant nos relations avec l’espace.

F. Devaed
F. Devaed
Diplômé en Sciences Po et féru de Géopolitique, Fabrice partage avec vous des réflexions sur des sujets qui concernent la Caraïbe.

3 Commentaires

  1. Commentaires sur : http://www.dailymotion.com/video/x1ejmf_kraibbondamanjak_politics

    Coopération régionale ou coopération antillo-guyanaise?
    Que défendent nos instances de concertation et quels moyens concrets sont réellement mis en œuvre à cet insu?
    Cette vidéo reflète une fois de plus la divergence d’opinion et le manque de convergence des idées de nos dirigeants par rapport à leurs expériences respectives. Et nous voulons intégrer la Grande Caraïbe, faire parti de la CARICOM, être un membre actif du CARIFORUM, mais pourquoi donc?

    Quels intérêts pour notre pays? Combien de fonds européens seront encore déboursés pour assouvir notre désir de coopérer, notre soif d’échanger, notre goût de se frotter à la différence?

    Mr. Marie-Jeanne a bien compris que nous n’allons pas réinventer la coopération régionale. Les difficultés sont réelles et les problématiques qui nous touchent ne disparaîtront pas de si tôt car elles sont profondes! Les mêmes questions reviennent sans arrêt et pourtant nous ne voulons pas changer notre fusil d’épaule et mettre en place de nouvelles stratégies. Qui sera à la tête de quoi? N’est ce pas un sujet au cœur de tous les débats? Combien de temps allons-nous continuer nos efforts et nous contentons de résultats passables? Combien de temps allons-nous être spectateur de notre développement au lieu d’en être les acteurs?
    A mon avis, tant que nous n’aurons pas compris que coopération régionale rime avec solidarité humaine et concessions, nous n’arriverons nulle part dans ce processus déjà si complexe.
    Je suis une passionnée de la Caraïbe et une acharnée de la lutte pour améliorer nos relations culturelles, sociales et économiques avec nos pays voisins… malheureusement, je pense sincèrement que l’on devrait apprendre de nos erreurs passées afin d’avancer ensemble et aussi pour faire face à nos diversités, qui sont nombreuses.

    Il faut créer et coordonner des projets durables et assurer leur suivi de manière constante. La formation de commission spéciale et l’organisation de rencontres ponctuelles ne suffisent pas à construire la Caraïbe de demain… nous devons arrêter de reproduire le travail déjà réalisé!

  2. Non je ne suis pas indépendantiste à chaque siècle ses problématiques et solutions.

    Nous devons partir de notre héritage et construire un système nouveau.

    L’identité Kreyole est riche, en passant de Césaire, à fanon, de glissant à confiant. Notre société est le fruit d’un processus, qui n’est pas encore arrivé à « Maturité ».

    Le potentiel de notre peuple est grand de même que le gâchis du à un costume trop serré pour nous.

    Je suis pour une autonomie de la guadeloupe. Dans le cadre d’un fédéralisme nouveau. Il ne d’agit pas d’être un TOM, un DOM ou une collectivité territoriale. Mais un état associé, au même titre que Porto Rico avec les Etats Unis. Il est faut de penser que L’espace Caraïbe est constitué uniquement de nations indépendantes. La Caraïbe est une illustration de la diversité des systèmes politiques.

    Nous sommes la frontière de L’Europe. Dans la zone caraïbe. Si cette espace n’est plus une priorité géopolitique, les yeux des puissants étant rivés sur le pétrole du Moyen Orient. Il reste néanmoins prédominé par la pauvreté et la crise de la nation Haïtienne.

    La Guadeloupe doit trouver sa vocation, afin de développer son influence dans la région. Au même titre par exemple que Cuba qui exporte des médecins dans la région.

    Si, je suis entièrement d’accord avec tes observations, je pense que le peuple de Guadeloupe n’est pas prêt. Le simple résultat du référendum sur l’évolution statutaire le prouve.

    Sera t’il prêt un jour c’est une autre question et un autre débat!!!

  3. Je pense que tu pourrais aller plus loin: comment expliquer les carences que tu evoques? Quelles responsabilites de l’Etat francais et des relations qu’il entretient avec la Caraibe francophone?

    Peut on reellement esperer une evlution de la posture des “D.O.M.” sans une evolution de leur statut politique?

    Peut on avoir renonce a l’independance ou a d’autres formes d’autonomie et etre aussi “respectable” que le frere Malcolm le souhaitais?

    Pourquoi, selon toi, est il plus facile de se rendre en echange a Bern …qu’a l’University of the West Indies campus de Mona, Jamaica?

    Il est fort possible que “l’absence de pensee” dont tu parles soit savamment orchestree…Notre identite paradoxale nous reduit a des luttes economiques fratricides, bananes contre bananas; peut etre faudrait il commencer par corriger cette heresie?

    Tu dis bien que le probleme vient de nos institutions mais ne proposes pas d’alternative claire….Sors du Bois Fab : ) Alors?….Independantiste ou quoi?

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