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[reflexion] Le mouvement et l’absurde … (Aux intellectuels Guadeloupéens)

Faire exister la Guadeloupe !
Faire exister la Guadeloupe dans la tête des Guadeloupéens …
Forcer la Guadeloupe
à penser par elle-même qu’elle existe …
(Rosan GIRARD)

Texte de Jean-Pierre Sainton (co-auteur du livre “Mé 67”)

Défunt Raoul exhortait au « sens du pays ».

Le mouvement en cours depuis le 20 janvier nous interpelle sur son sens.

Soit, il n’en a pas … et c’est donc que ce pays est fou et nous, Guadeloupéens avec ; fous, suicidaires, ou foutus …. ou les trois à la fois.
Soit, il en a un, de sens. Et ce sens cogne furieusement à la porte de notre intelligence du pays réel ; voire de notre intelligence tout court.

Et alors, il faut chercher à comprendre ce qui se passe :

La Guadeloupe est sans doute absurde,
Absurde peut-être elle est, mais son peuple ne l’est pas.

Au point en effet que ce mouvement dépasse, en ampleur et par sa nature, tout ce que le pays aura jusqu’à aujourd’hui connu.
Il est donc doublement historique dans toute l’acception du terme : historique car inédit dans le passé – seul, le mouvement de constitution d’un Front démocratique de 1944 lui ressemble en son sens ; seule la grande solidarité contre la répression de juillet 1986 en approche dans la forme – ; historique car porteur d’un potentiel énorme et gros de promesses.

Je ne parle pas du résultat hypothétique des demandes exprimées dans la plate-forme revendicative diffusée. Je parle de ce qu’il faut comprendre de ce « Cahier de doléances » car c’est bien cela sa valeur en réalité.

On se souvient ce qu’il advint après 1788 …

Il apparaîtra clairement à celui qui se donne simplement la peine d’écouter et de voir ce qui se passe depuis le 20 janvier que rien en Guadeloupe ne sera plus jamais comme avant, ceci indépendamment de tout ce qui résulterait de ce mouvement dans l’échéance courte.

L’ampleur est évidente ; mais qu’on ne se trompe sur sa nature. C’est l’expression d’une crise à quatre dimensions :

C’est d’abord la crise sociale qui révèle au grand jour l’accroissement des difficultés du quotidien pour une grande partie des Guadeloupéens et signale 2 niveaux récurrents de compréhension de la société : l’un régi par le vécu d’une détresse d’autant plus ressentie qu’elle est ignorée, l’autre par le prêt-à-porter du discours technocratique autiste, celui qui prétend claironner vos solutions avant d’avoir entendu votre problème.

Transperce au-dessous la crise morale et culturelle, crise résultant de l’exacerbation du choc des valeurs inculquées et des valeurs souhaitées, nées de notre histoire, mais véritablement mêlées, étouffées et inabouties. Qu’on ne s’étonne des contradictions et du mal-être installé ; et qu’on se réjouisse toute de même que l’invivable, cherchant la voie de l’état d’être, veuille s’en extraire.

Crise, très attendue celle-là, des systèmes et cadres réglementaires, régis par les logiques contraires de l’injonction autoritaire systémique et de la géographie et de l’histoire, produisant un infonctionnel constitué qui gère au quotidien, la déraison et le non sens, toujours satisfait de lui-même cependant.

Et crise politique, forcément. Mais dans la plus grande acception du mot. Non pas seulement crise institutionnelle ou statutaire mais crise de l’expression de l’exigence démocratique,
Crise aussi des politiques, c’est-à-dire des conduites du pays ;
Crise enfin, fondamentale, du politique, c’est-à-dire à la jointure même de la société civile et de la société politique.

Finalement.
Moins que jamais il n’ y a lieu de désespérer,
De se lamenter,
De regretter qu’on ne soit comme X,
A la mesure de Y,
Ou aussi grand que Z

Nous sommes Guadeloupéens.
Ainsi soit-il !
Pour le meilleur et pour le pire.
Le pire étant derrière nous,
le meilleur est à faire.
(C’est-à-dire à peu près tout).
Ouvrage non d’un démiurge
Mais d’un peuple en marche
De conscience

Ce sera là notre singularité.

Et, (heureuse surprise), du refus têtu, du « nou vé pa anyen » désespérant
Se dégage le Nous
en forme de Nou Vlé et de Nou Ka

Un peuple est en train.
Le peuple guadeloupéen en voulant exister continue de créer ses espaces politiques, et ce faisant, aujourd’hui, de rechercher sa raison politique et, la recherchant, la réalise.
C’est précisément toute la tache de cette génération.

Le résultat pourrait être étonnant.

Ce n’était pas prévu par l’histoire, ni soldé par les lois passées et les décrets.
Ce n’était pas écrit dans les théories révolutionnaires
Trotskystes, maoïstes, tiers-mondistes, quelles qu’elles soient …
ou sociologiques, ni dans les traités politicologiques.

Inédit.
Imprévu.

Comme ce peuple lui-même.

Le mouvement tient sa raison et la raison est en mouvement.
Le mouvement crée ses formes.
Imprévisibles, toujours.

Comme l’orientation donnée à un orteil en un pas de toumblak
Mais toujours en rythme et en cadence.

Donc, plus « sérieusement », un vouloir collectif semble naître.
Dans la continuité de l’idéalisme guadeloupéen – oui, il y en a un, qui s’est exprimé chaque fois tout au long de la formation historique du peuple guadeloupéen, pluriforme, mais – regardez bien – cohérent en lui-même et total, portant en lui la quadruple problématique fondamentale de notre corps social :
celle de l’émancipation sociale,
celle de la démocratie,
celle de la culture et de l’identité
et celle de la souveraineté.

Notre parcours historique se résoud et se synthétise à la fois dans la création de ce lien politique interne qui veut se nouer. Maintenant.

Pas facile, bien sur que de conduire un quadrige.
Et que de questions ! et que de chausse-trappes à chaque pas !

Alors comment ?
Et qui a dit que c’était facile ?
Là encore, est tout le problème.
Point de livre ouvert à suivre (tournez la page, à la ligne).
Pas de certitude et de garantie, sinon cette quadruple exigence.

Oui, il y a du pain sur la planche,
Pour nous ; pour les intellectuels, pour la jeunesse,
Au plus près du réel et du mouvement, comme du plus haut de sa réflexion,

Penser et Faire exister la Guadeloupe.

Jean-Pierre Sainton

Jean-Pierre Sainton
Jean-Pierre Sainton
Historien et Professeur d'Histoire contemporaine & histoire de la Caraïbe à l’Université des Antilles-Guyane. Co-auteur du livre "Mé 67".

4 Commentaires

  1. J’accuse par la présente, Le maire de Vieux-Habitants Georges Clary, Victorin LUREL député de la Guadeloupe, d’avoir énoncé des propos, d’aucuns diraient des promesses de représentations, et de ne s’y être pas tenus.
    Chose commune, me direz vous, concernant un homme politique à la fonction communale, c’est pourtant moins souvent le cas lorsque c’est un homme garant de notre sécurité qui en fait l’objet et ce de façon éhonté. En effet, à quelle époque vivons-nous pour être ainsi privé de conditions de vie des plus élémentaires, comme l’accès à l’eau ou à l’électricité a la commune de Vieux –habitants section Schœlcher en Guadeloupe. Il est bien évident que nous ne sommes pas en métropole mais plutôt dans une république bananière quelconque pour qu’ainsi des dignitaires de l’état s arrogent le droit de mentir à leurs concitoyens, car n’est ce pas un mensonge que de promettre tout en se désintéressant totalement des conditions de vie du peuple ! Prévert disait : ” l’étoffe des héros est un tissu de mensonge ! “, je ne suis pas loin de penser que c’est l’exacte vérité vous concernant Messieurs !
    Je vous accuse donc d’avoir le plus grand mépris, pour vos concitoyens et vos administrés et tout cela sans nul doute parce que, soit vous êtes des incapables, ce que j’espère soit dit en passant car si tel n’était pas le cas c’est que vous seriez des immanquablement des dignitaires corrompus, il parait donc évident que vous n’avez aucune raison d’exercer les fonctions qui sont les vôtres !
    Quant aux gens que j’accuse,, je n’ai contre vous ni rancune ni haine. Vous n’êtes pour moi que des entités, des esprits de malfaisance sociale. Et l’acte que j’accomplis ici n’est qu’un moyen révolutionnaire pour hâter l’explosion de la vérité et de la justice sociale, je vous demande donc d’enfin répondre aux raisons pour lesquelles vous avez été élus et nommés !

    JOCSAN ALINE
    Vieux habitant section Schœlcher Guadeloupe

  2. Tout ce que nous vivons,a été vécu par le grand viet-namien sous la direction d’HO CHI MINHET PON PEUPLE.
    par contre ,nous assistons à la fuite des intellos ,des cadres GUADELOUPEENS,absents volontairement de ce moment historique.UN PROJET NE PREND VERITABLEMENT NAISSANCE LORSQU’il osmose entre les masses et son élite.SINON ON INSTAURE UUNE DICTATURE COMME IL EN EXISTE DE PAR LE MONDE.
    DONC POUR MOI,il faut ouvrir des dossiers qui comme disait l’ONCLE HO ,s’il vous plaît,pas d’idéologie ,parle nous de ton quotidien et celui de tes camarades!
    -OUVRONS LE DOSSIER DE PORTES ANTILLAIS EN FRANCE
    -OUVRONS LE DOSSIER DES DEPORTES GUADELOUPEENS EN NOUVELLES CALEDONNIE
    -OUVRONS LE DOSSIER DE NOS COMPATRIOTES ENVOYES DE 1861 à1916 à PANAMA.
    -Ouvrons le dossier du “Poilus” ETILCE CE PORT LOUISIEN MORT DE MANIERE SUSPECT EN 1919 à Paris.
    _ OUVRONS LE DOSSIER DE L’OR DE LA GUADELOUPE VOLE PAR LA FRANCE EN 1944 EN PLEINE PERIODE COLONIALE QUE LE CROISEUR EMILE BERTIN COMANDE PAR LE CAPITAINE CORSE ORTOLI.
    – OUVRONS LE DOSSIER DU BUMIDOM.
    -Ouvrons le dossier LE DOSSIER DES FERMETURES’USINES?DE LA DISPARITION SUSPEZCT D’ENTREPRISE ET DE CLINIQUES GUADELOUPEENNES.
    -QUI SONT LES NOUVEAUX MAITRES DE NOTRE ECONOMIE .JE ¨PENSE QUE LES BLANCS PAYS SONT OUT PAR DE NOUVEAUX PREDATEURS VENUS D’AILLEURS ET “SOLIDEMENT IMPLANTE” dans certaine zone côtière,où nous sommes chassés come des malpropres.
    OSONS METTRE A JOUR COMME CE QUI ARRIVE A LA SARA LES AUTRES SECTEURS TAPIS DANS L’OMBRE MAIS QUI NOUS SAIGNE 24H SUR 24H TEL INTERNET ,le FRET ….
    POUR CROIRE EN L’AVENIR IL FAUT CREVER CES ABSCES ET SE DONNER LES MOYENS DE SE FORMER DANS TOUS LES DOMAINES AVEC LES OUTILS MODERNES DE LA COMUNICATION.
    SAVEZ VOUS QUE L’ARMEE EST EMMERDEE CAR UN VIRUS PARALYSE UNE PARTIE DE SA FLOTTE AERONAVALE?ELLE CHERCHE TOUJOURS L’INTRUS
    -EXIGEONS L’OUVERTURE DU DOSSIER DE LA SODEG QUI SPOLIA DE CENTAINES VOIR DE MILLIERS DE PROPRIETAIRES POINTOIS de 1960 à1972.
    qQue les bénéficiaires des subventions des collectés térritoriales soient recherchés et sanctionnés.

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